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Snoop Dogg, le nouveau pape du Gospel ?

Depuis quelques mois, des artistes séculiers de renommées internationales semblent opérer un retour aux sources des valeurs acquises sur les bancs des églises. En s’associant à des artistes chrétiens tout aussi célèbres, ils sèment la confusion provoquant des réactions très mitigées chez leurs fans.

Les deux questions qui brûlent toutes les lèvres et qui alimentent les commentaires sont : est-ce la musique profane qui est attirée par le Gospel ou est-ce le Gospel qui se laisse séduire par les nombreux avantages de telles collaborations ?

En clair, qu’est-ce qui motive ces associations «interdites» ? À en juger par les nombreuses réactions que suscite chaque nouvelle complicité temporaire, avec la dernière en date, celle de la collaboration de Tasha Cobbs et de Nicki Minaj, le problème serait une incompatibilité des genres, une alliance contre nature.

Pourquoi le Gospel attire-t-il de plus en plus de stars ? Est-ce une stratégie de conquête de nouveaux marchés pour certains ? Est-ce l’affirmation de leur foi pour les autres ? Pourquoi certains artistes chrétiens jouent le jeu alors que d’autres refusent d’y entrer par peur des réactions ? Pourquoi tant d’effervescence autour du sujet ?

TRACE Gospel enquête !

Si le phénomène semble prendre de l’ampleur ces derniers temps – dû à la facilité qu’offrent les réseaux sociaux à exprimer ses opinions – le phénomène n’est cependant pas nouveau. Frappée d’amnésie, la communauté des chrétiens consommateurs de Gospel ou adeptes de la «gratuité pour tous», a oublié qu’avant Tasha Cobbs, les collaborations entre artistes séculiers et chrétiens furent nombreuses et n’avaient pas recueilli autant de suffrages négatifs : Hezekiah Walker et Blackstreet sur le titre «Finally», R. Kelly et Kim Burrell sur la chanson «3 Way Phone Call», Bono, Mary J Blige et Kirk Franklin sur la chanson «Lean On Me», Wyclef Jean et Mary Mary sur la nouvelle version de «We Are The World», Beyoncé et Michelle Williams sur «Say Yes», Kanye West et Kirk Franklin sur «Sway In The Morning», Tasha Cobbs et Nicki Minaj (record des discussions qui ont affolé la toile) sur le titre «I’m Getting Ready», Hezekiah Walker encore avec The Bad Boy Family et Faith Evans sur la chanson « You », Kelly Price et The Clark Sisters sur la reprise « You Are My Sunshine », Whitney Houston et Cece Winans sur «Count on me», Brian Mc Knight, Joe et Bebe Winans «Coming Home», Yolanda Adams et Kanye West lors d’un live tout comme Natalie Grant et Jordin Spark… pour ne citer qu’eux. Les plus grands artistes de Gospel se sont ainsi prêtés à l’exercice. Chez les francophones nous avons Piero Battery et Soprano sur la chanson «Fais Ton Chemin» , Pitt Pacardi sur le titre «Si loin de Toi» ou avec Laam, Jessica Dorsey et Lady Sweety sur le Titre «Pwan Tan Gadé» ou Kassav’ en live, Sowers et Tito Prince sur le titre «Poussière».

Alors comment juger en tant que chrétien, la conviction de certain, le courage des autres ou la main tendue vers celui dont la foi est faible ?

Nous avons eu le privilège d’échanger avec les Mary Mary lors de notre séjour au Kenya, pour l’organisation de leur concert fin mai 2017, où nous avons évoqué ce sujet épineux et voici leur réponse :

«Nous faisons ce que Dieu nous demande. S’il s’agit de travailler avec un artiste séculier, et bien cela ne retire rien à notre croyance et à nos principes. Dieu nous appelle à évangéliser dans l’église comme à l’extérieur de l’église. Collaborer avec ces artistes nous permet de les toucher, d’accéder à leur public pour leur délivrer ce message d’amour et d’espérance.

(Tina Campbell) : En fait je fais mon job et Dieu se charge de reste. Les graines ont été semées, Dieu se charge du reste

«Si nous regardons la vie de Jésus, il n’était jamais en compagnie de ceux qui attendaient le « Messie » le jour comme la nuit. Il cheminait avec tout un groupe de personnes que la communauté chrétienne et beaucoup de croyants traitaient de païens, des personnes avec qui il n’aurait jamais dû être […] Mais à la fin de la journée, partout où Jésus est allé, il a exprimé qui il était […] Je pense que nous, les chrétiens, devrions apprendre à nous taire ! Parce que ce n’est pas le plan de Dieu d’ouvrir la bouche pour que nous ayons toujours quelque chose de négatif à dire au sujet d’une personne juste parce que Dieu ne nous l’a pas révélé. Peut-être que ce n’est pas ton appel, peut-être que ce n’est pas ton ministère…» extrait du Path Magazine

Une question revient : ces collaborations sont-elles mauvaises en soi ?

Fred Hammond a récemment collaboré avec un artiste tout aussi inattendu : Snoop Dogg. Le rappeur annonce en effet qu’il travaille actuellement sur un nouvel album sur lequel on retrouvera également le duo Mary Mary et sans doute bien d’autres à venir puisque le projet est en «work in progress». Quelle pourrait être la motivation de l’artiste pour s’entourer ainsi de ces références incontournables du Gospel ? Nous avons appris que la mère de Snoop Dogg est une fervente croyante, et comme toute mère, travaille au rappel spirituel de ses enfants. Snoop Dogg souhaite donner son témoignage et faire part de ses expériences extraordinaires à travers ses nombreuses épreuves et tribulations.

Le projet d’album Gospel intitulé «Bible For Love» fut dévoilé par Cordozar Calvin Broadus Jr. (Snoop Dogg) lors d’une interview sur Beats 1 Radio en mai 2017 : «Je travaille en ce moment sur un album de Gospel. Cela a toujours été dans mon cœur» dit-il.

Plus tôt, en novembre 2016, l’artiste originaire de Long Beach en Californie, sortait un single pour Noël reprenant le titre du pasteur Shirley Caesar «Hold My Mule» qu’il transforma en «U Name It Holiday Anthem» avec des samples de la chanson originale.

Le 19 juillet 2017, Snoop Dogg publie sur son compte Instagram officiel une vidéo depuis son studio où l’on peut entendre la voix de Fred Hammond sur une chanson inédite.

Bible of love. @fredhammond. 🙏🏾👊🏾🌹

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Ce dernier s’exprimait quelques jours plus tard sur Youtube sur sa collaboration avec le rappeur.

Êtes-vous surpris ou choqués ?

Pouvons-nous faire confiance aux artistes chrétiens dans leurs choix artistiques ?

Avons-nous le droit de remettre en cause leur foi, leurs valeurs ?

Le déchainement des émotions auquel nous assistons depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux des artistes ciblés par les critiques parfois violentes, est-il légitime ? Assistons-nous au dévoiement des artistes de Gospel ou à une radicalisation inquiétante des chrétiens ?

 

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